Le Service « au » Public
On a pu voir s’exprimer de légitimes inquiétudes à la suite des critiques récemment formulées sur le fonctionnement de la justice ; certaines en particulier suggéraient une remise en cause de son indépendance et de sa probité. Gardons nous en, sauf à en avoir la compétence et la légitimité.
Par contre, cette actualité nous rappelle opportunément que nous avons le droit de nous intéresser à la manière dont les organisations qui sont chargées du service public, et donc les professionnelles concernés, assurent leur mission et leurs responsabilités.
Au moment ou la cohésion nationale est mise à l’épreuve, où l’exercice de la démocratie semble être à la peine, où les modes d’allocation des financements publics interrogent, il n’est pas outrancier, inopportun ou encore attentatoire au respect du, de revendiquer le droit de connaître l’évaluation qui peut être faite du service rendu au public et de ses modalités de mise en œuvre.
Or, on entend beaucoup être évoqués l’indépendance professionnelle, le respect du statut, l’auto-contrôle par les pairs, …, le tout dans un débat confus qui amalgame statut et compétence, mission et déontologie, obligations et résultats, ingérence et rendu-compte, indépendance technique et transparence, … .
Tels qu’ils sont fréquemment repris par les professionnels, les arguments servent trop souvent d’instruments d’auto-défense collective et visent à renforcer la cohésion du corps.
Pour les intéressés, ils constituent malheureusement comme une dispense de répondre à l’inquiétude qui se manifeste et d’opérer une véritable introspection comportant un salutaire examen de conscience.
Il y aurait un premier avantage pour l’organisation de notre société et pour notre démocratie à ce que nous nous intéressions, « tout simplement », au degré de conscience qu’ont les professions concernées d’exister en tant que « professions de service ‘au’ public ». Vaste sujet assurément tant le dit public semble en pratique ‘tenu à l’écart’ et vu le nombre de professions qui s’exercent en dehors d’un statut public.
Et il y aurait un autre avantage pour tous à apprécier combien cette conscience impose (ou pas) à chacune de ces professions un mode de fonctionnement approprié comportant ouverture et dialogue sur ses pratiques et ses résultats.
C’est alors peut être qu’un débat porté sereinement par la collectivité nationale aborderait avec plus de justesse les questions de transparence et de rendu compte. Peut-être aussi seraient traités les sujets de l’adéquation aux attentes du public, celui de l’efficience aussi, et donc celui des coûts et de l’effort demandé aux contribuables.
Pour aller au-delà d’un débat de circonstance et en se gardant ainsi de tout pointillisme opportuniste, cette prise de conscience espérée ouvre sur l’idée d’une généralisation de l’évaluation des politiques publiques, cette évaluation dont l’absence ou la confidentialité organisée sont des maux endémiques de la gestion publique de notre pays.
Ainsi serions nous aussi ramenés au débat sur l’état de nos finances publiques, curieusement absent (ou retiré) de la grande négociation (marchandage?) politique de ces derniers jours.
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