Démocratie -I-
12 01 24
La démocratie est malade de la faute des élus qui en ont trop souvent « fait leur affaire »; là est aussi l’enjeu de nos prochaines élections.

La première responsabilité de l’élu, de celui qui est à la tête d’une instance ou d’une organisation constitutive de la vie démocratique, c’est de faire vivre la démocratie.
Insuffler une dynamique démocratique n’est pas seulement une priorité du mandat, au même titre et en parallèle à la mise en œuvre de la politique (en principe annoncée) que cette dynamique va opportunément servir et enrichir ; elle en est aussi un élément constitutif.
Cette responsabilité est de permettre à tous ceux qui composent l’assemblée d’être formés et informés, de garantir par les moyens appropriés l’expression de tous et l’écoute réciproque.
Son exercice n’est ni induit, ni accessoire ni fortuit ; il implique la conception et la mise en œuvre de l’organisation d’une forme de cohabitation entre la dynamique participative et l’exercice de l’autorité.
La reconnaissance de celle-ci est déterminante ; elle porte la décision, l’arbitrage et
se conçoit comme partie intégrante du jeu démocratique et il est clair pour tous que « la prise de décision qui clos le processus participatif en est aussi l’aboutissement ».
Aussi implique-t-elle la pratique d’un exercice permanent de déclinaison de la concertation au travers de diverses ‘moments’, qu’ils soient de contact, de dialogue, en cercles restreints aux élus ou élargis à la population, mais toujours sur un mode structuré qui à la fois témoigne de la considération pour l’interlocuteur et explicite la finalité de l’acte.
Ainsi, la création et l’entretien d’une dynamique démocratique est à la fois un levier de renforcement de l’autorité de celui qui l’exerce et une mission d’ordre public confiée à celui qui a sollicité les suffrages. Ce qui importe alors c’est de reconnaître que cette sollicitation que concrétise l’acte de candidature vaut tout particulièrement engagement à respecter les règles qui visent et concourent à faire vivre la démocratie, parmi toutes celles qui l’organisent.
L’enjeu premier n’est pas, ou pas d’abord, comme on pourrait le penser, dans l’enrichissement du processus décisionnel (sur le mode « concerter avant de trancher »). Il est bien dans la participation contributive qui permet de faire naître et d’entretenir dans l’esprit du citoyen élu (et de tous ceux invités à s’exprimer) la démonstration de sa contribution effective à la gestion publique et donc son appropriation de la chose publique.
Le panel concerné ne se limite pas à la cohorte d’élus. Au delà des instances réglementées il est possible de l’élargir par des procédés connus, depuis les Comités de Quartier jusqu’aux Conseils de Développement.
Le risque existe cependant, et il convient de s’en prémunir, de diverger vers une logique discriminante en constituant des groupes communautaires (le critère de référence se révélant en pratique très variable, établi sur l’âge, le sexe, telle ou telle pratique, …). Ceci a pour conséquence de sortir le dispositif du cadre universaliste de la démocratie républicaine et donc de réduire la pertinence.
C’est justement dans cette perspective qu’est porteuse de sens la priorité, voire l’exclusivité, donnée aux instances institutionnelles pour revitalisation la vie démocratique. L’enjeu est de conserver (ou de redonner) au instances leur rôle premier d’assemblées délibérantes représentatives, témoins des sensibilités des populations qu’elles représentent.
La mise en œuvre peut se révéler compliquée, tant les habitudes fruit d’un oubli des fondamentaux originels et d’un certain ‘laisser aller’, nous ont éloigné des bonnes pratiques. Il faut en premier lieu réussir à maîtriser l’Ego des élus « Chefs de fils » en travaillant collectivement la culture citoyenne, en enrichissant la fonction de chef de celle d’animateur ; observons au passage que la démarche vaut aussi pour d’autres « excroissances » que sont, par exemple, le cumul des mandats ou leur multiplication-enchaînement au cours du temps.
Il en va à ce stade autant de l’état d’esprit que de la pratique ‘coutumière’, jusqu’à et y compris celle qui prévaut à l’établissement des listes candidates. A la vocation donnée à celles-ci de « porter le chef » (et lui garantir son élection collégiale) doit être adjoint l’ambition de constituer une équipe au sein de laquelle chacun a vocation à assumer sa part de contribution et de responsabilité.
Collégialité ; la référence est posée qui suggère l’existence de relations interindividuelles productives. Elle suppose que soient offertes des conditions propices à leur émergence dont en premier lieu à la fois la taille des groupes et un état d’esprit de considération réciproque. En référence au fonctionnement de certaines grandes assemblées, il semble que c’est faire là référence au fonctionnement ‘en commission’ ou en ‘groupe politique’.
Il y a dans tout cela, puisque les textes n’y pourvoient pas pour l’heure et que l’obligation devra s’en imposer, matière à une ‘belle’ réforme institutionnelle.
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